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Français, Wolof
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© 2013 Epelboin, Hamès, Larco & Durand
DOI : 10.60527/wh6p-h423
Citer cette ressource :
SMM. (2013, 13 avril). Un art secret : les écritures talismaniques de l’Afrique de l’Ouest , in anthropologie médicale. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/wh6p-h423. (Consultée le 18 mai 2024)

Un art secret : les écritures talismaniques de l’Afrique de l’Ouest

Réalisation : 13 avril 2013 - Mise en ligne : 7 juin 2013
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Descriptif

« Un art secret : les écritures talismaniques de l’Afrique de l’Ouest »

2013 Epelboin A., Hamès C., Larco Laurent J. Durand J. L. Catalogue enrichi de l’exposition de l’Institut du monde arabe, 262 p., (7 peintures sur verre, 9 vidéos ethnographiques en ligne, 14 vêtements talismaniques, 99 amulettes, 44 ceintures, 70  manuscrits extraits de ceintures ou d’amulettes carrées, 68 photos sur le terrain), Collections ALEP, C. Hamès, BNF, S.A. Epelboin.

http://www.imarabe.org/exposition-ima-9624

Mise en vidéo du catalogue de l'exposition avec une bande sonore extraite de différents films de consultation de devins-guérisseurs et d'informateurs à propos de la fabrication et des usages des amulettes sénégalaises.

L'Institutdu monde arabe de Paris présente jusque fin aout 2013 une exposition de quelques225 amulettes et textes talismaniques d’Afrique de l’Ouest, extraits d’une collectiondeplusieurs milliers d’objets, collectée depuis 30 ans auprès des récupérateursde Mbebess, la décharge à ordures de Dakar.

Une partie des objets présentés sont issus de traditions africaines quiattribuent des vertus à des matières naturelles, (os, plumes, cornes, cuirs,cauris, poudres, bois, écorces, sable, terre, pierres...), des objets duquotidien (cadenas, bouteilles, vêtements, miroirs, tambours...). Leurtransformation en amulette, par analogie et accumulation, va transférer leursvertus originelles à leur nouveau propriétaire.

L’autre part des objets relève de traditions islamiques où le textecoranique n'est pas utilisé tel quel, dans son sens religieux habituel, maissoumis à un travail de transformation en un instrument de puissancetalismanique. Les procédés utilisés sont largement, mais pas complètement, inspirés detraités classiques de magie venus du monde arabe, sans toujours les recopierservilement, mais au contraire en les recomposant avec une créativitéincessante.

Sur la question du caractère autorisé ou non des pratiques talismaniques,les docteurs musulmans ont des avis divergents (ikhtilâf).

Parmi les différents procédés, environ une vingtaine, nous avons retenu lesplus importants, les plus fréquents. Ils sont présentés séparément pourfaciliter leur repérage, mais dans la pratique, on les trouve le plus souventcombinés, surtout lorsque la surface graphique s’agrandit.

Les objets présentés sont censés guérir et protéger leur propriétaire desmaladies, des accidents, des évènements indésirables et assurer leur santé, laneutralisation de leurs ennemis, la réussite de leurs projets, au travail, enamour, dans leurs entreprises.

En Afrique de l'Ouest, lesguérisseurs recourant aux sciences islamiques possèdent des niveaux de savoir,des statuts et des fonctions très variées, allant du copiste à peine lettré au dirigeantde confrérie islamique. Leur pouvoir est en principe un héritage familial. Maisdes élèves, des patients guéris, issus d'autres catégories sociales peuventacquérir et exercer leurs savoirs. Certains sont des escrocsprofitant de l’emprise qu’ils exercent sur leur client à des fins personnelles,et le mot « marabout » prend alors un sens péjoratif.

Laconsultation du marabout débute par une technique de voyance, immédiate oudifférée, aboutissant à un décryptage de la situation du client, de sesrapports avec son environnement social humain et non humain. Les rôlesd'interdits non respectés, d'ennemis, de sorciers, d'esprits, d'aïeux, dedjinns sont identifiés. La consultation se conclut par une prescriptiond'aumône et une proposition de confection de talisman à écriture, curatif oupréventif.

Si leclient accepte le diagnostic et le prix fixé, il lui est donné rendez-vous pourla remise du talisman plié, avec des indications précises quant aux règles etaux modes d'emploi, notamment les circonstances où il doit être ôté afin de nepas le corrompre. Le client, laplupart du temps illettré arabe, ne voit jamais les écritures, exception faitedes rares tuniques à écriture apparente.

Le coût dela voyance est généralement modeste, celui de la confection du talisman estvariable, fonction de la richesse du client : de quelques euros à des sommesfaramineuses quand il s'agit de politiciens, de sportifs, de commerçants ou detrafiquants. Les clients principaux sont africains, mais la dispersion desmarabouts dans les diasporas africaines et internet leur a permis de seconstituer une clientèle internationale.

Desinstructions très précises sont données à transmettre au cordonnier, sur le mode de portage, le nombre d'objetset de boucles des ceintures, les matières animalesou autres à ajouter. La rémunération du cordonnier varie selon le milieu et lacomplexité du travail, par exemple le nombre de boucles, d'un à quelques dizainesd'euros.

Chaque jour, s’ils sont attentifs, les récupérateurs d’ordure de Mbebesspeuvent récolter au moins une centaine d’amulettes, dont une grande part dansun excellent état de conservation.

Théoriquement, il n’est pas pensable de jeter une amulette dans l’ordure, àfortiori si elle contient des écrits coraniques.

Les amulettes d’un défunt sont censées être réparties entre sesayant-droits, enterrées ou parfois détruites par le feu ; souvent,  elles sont  portées précieusement, puisoubliées dans un recoin.

Une tunique à écritures coûteuse portée pour gagner les élections ou unmatch est abandonnée, voire jetée après la défaite, ce qui est vrai aussi pourtout autre objectif non réalisé. Une amulette peut être

Si une amulette est cassée ou gâtée du fait du contact avec des chosesimpures ou qu’elle déçoit les attentes de son propriétaire, sur les conseils deproches ou sur les indications formelles d’un marabout, elle peut êtreimmédiatement brûlée, jetée, enterrée ou encore précipitée dans la mer. Mais leplus souvent, elle est désinvestie progressivement. Elle est mise au rebut dansun bagage, un meuble ou un recoin de l’espace privé, laissant le temps, l’eau,les rongeurs et les insectes faire leur œuvre destructrice.

Ultérieurement, elle est jetée discrètement dans une décharge« sauvage » ou une benne à ordure éloignées.

Ces différentes circonstances de jetage sont à l’origine de la collectionet de l’exposition.

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